vendredi 26 août 2011

Le joueur d'échecs de Stefan ZWEIG


« Si donc les deux camps sont représentés par la même personne, la situation devient contradictoire. Comment un cerveau pourrait-il savoir quel but il se propose en jouant avec les blancs, puis l’ignorer sur commande pour faire ses plans avec les noirs ? Un pareil dédoublement de la pensée suppose un dédoublement complet de la conscience, il dénote une étrange capacité d’isoler à volonté certaines fonctions du cerveau, comme s’il s’agissait d’un appareil mécanique. Vouloir jouer aux échecs contre soi même, cela équivaut à vouloir marcher sur son ombre. »


Un joueur d’échec comme personnage principal ?

L’histoire se déroule sur un paquebot quittant New York pour rejoindre Buenos-Aires et Zweig nous entraine dans l’univers des jeux d’échecs mais le sujet semble beaucoup plus vaste au fur et à mesure que nous découvrons cette histoire.

Le talent de Zweig est palpable bien sur dès le début car nous nous demandons vers quel chemin il nous entraine et nous sommes, bien entendu, dans l’obligation de poursuivre notre lecture pris peut être comme la fameuse démence du joueur d’échecs…

Mirko Czentovic, champion mondial et …

Mirko Czentovic, personnage principal au début du roman, est le champion mondial du jeu d’échecs et se retrouve sur ce bateau prêt à remporter de nouvelles victoires en Argentine. Il nous replonge alors dans son enfance et comment cet enfant qui semblait être doué pour rien se révèle un jour surprenant dans une partie d’échecs. Le curé qui l’a recueilli décide de l’entraîner dans la ville voisine afin d’observer si son talent se confirme. C’est chose faite et très vite, il devient le champion mondial.

Le narrateur qui se trouve sur le bateau souhaite découvrir un peu mieux Czentovic.

« Les gens qui sont possédés par une seule idée m’ont toujours intrigué, car plus un esprit se limite, plus il touche par ailleurs à l’infini. Ces gens, qui vivent solitaires en apparence, construisent, avec leurs matériaux particuliers et à la manière des termites, des mondes en raccourci d’un caractère tout à fait remarquable. »

Quoi de mieux pour un joueur d’échecs que de l’attirer par le propre jeu ? Il lance alors l’idée de l’organisation d’une partie et puis moyennant finance Czentovic va accepter de jouer. C’est alors qu’un personnage s’immisce dans le jeu et dans le roman. Ce dernier se présente comme une pièce maîtresse pour bien comprendre le message de l’auteur. Il va battre Czentovic et dévoile tout un raisonnement que les autres perçoivent difficilement…

… Monsieur B : le prisonnier du jeu…

Monsieur B se présente donc comme un joueur extrêmement doué mais curieusement inconnu dans le milieu. Notre narrateur part donc à sa rencontre le lendemain afin de lui proposer de nouveau une partie. Là, nous rentrons totalement par surprise dans une autre histoire. Nous découvrons la gestapo, la façon totalement surprenante comment Monsieur B se fait torturer moralement en étant détenu dans une chambre d’hôtel sans aucune activité possible au début de la seconde guerre mondiale. Le jeu d’échecs apparaîtra comme une solution à sa détresse mais cela ne représentera-il pas une forme d’emprisonnement bien plus terrible ?

« En créant autour de chacun de nous un vide complet, en nous confinant dans une chambre hermétiquement fermée au monde extérieur, on usait d’un moyen de pression qui devait nous desserrer les lèvres plus sûrement que les coups et le froid »

Un livre bouleversant, une histoire renversante, un livre publié à titre posthume par un virtuose des mots.


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