dimanche 21 août 2011

"Génération Nothomb" de Annick Stevenson






« Eh bien moi, c’est encore plus fort que çà, vous m’avez donné le sixième sens ! Enfin, je ne sais pas si on dit de la lecture qu’elle est un sixième sens, mais ce que je ressens c’est tout comme : j’ai découvert quelque chose en moi d’aussi important que la vue, l’odorat ou le goût. Je lis !!! »







Une histoire

Sam, jeune homme complexé, travaille dans un atelier qu’il n’apprécie guère. Malgré son inintérêt pour la lecture, un jour où les problèmes quotidiens s’accumulent, il se retrouve à acheter Hygiène de l’assassin.
Sa tante, passionnée de littérature et rédactrice pour un journal local, lui avait déjà offert Stupeur et tremblements mais il ne s’y était pas intéressé.
Avec Hygiène de l’assassin, c’est le début d’un renouveau pour lui avec la lecture de son premier livre. C’est dans ce contexte qu’il commence sa première lettre à Amélie.

« Pour résister à la masse convulsive qui l’attend certains lundis matins, elle s’efforce, disait elle à la même journaliste, de toujours garder à l’esprit que ces lettres sont des cadeaux qu’elle reçoit. Afin de ne pas gâcher le plaisir de la découverte, elle ne les ouvre qu’une à une, n’abordant la suivante que lorsqu’elle a achevé la lecture de la première, pris le temps d’y réfléchir, et d’y répondre avec le respect et la patience qu’elle estime devoir à celle ou celui dont elle est la confidente.
Elle s’assoit et prend en main la première enveloppe. Une écriture appliquée, qu’elle ne connaît pas. Un timbre aux tons rouge et or représentant une scène du Sud de la France, soigneusement choisi à n’en pas douter ; Elle la décachette, et commence sa lecture. »


La construction du roman

Annick Stevenson avec Génération Nothomb, réussi un jeu de maître où se mêle l’ensemble de ses talents.

Journaliste tout d’abord. En effet, elle parsème ce livre d’extraits réels de blogs, forums et groupes Facebook consacrés à l’auteure. C’est d’ailleurs dans ce contexte que je me retrouve dans ce livre. A travers ma propre correspondance avec Annick STEVENSON, j’imagine le travail titanesque fourni pour rassembler ces messages et demander aux auteurs de ces commentaires leur accord pour la publication. D’autant plus qu’il faut être capable de faire le tri sur une toile de plus en plus polluée…

Ecrivain, ensuite. Si le dur labeur d’enquêtrice au service du phénomène Nothomb est indéniable, il fallait être ensuite capable d’en faire un roman structuré intelligemment en injectant au bon moment les différents passages. Annick Stevenson parvient à nous entrainer totalement dans l’histoire où se mixent mots réels et le récit de Sam romancé quant à lui.

Le lecteur ne se perd pas dans l’immensité de ce livre. Annick STEVENSON se glisse aussi bien dans la peau d’Amélie Nothomb où nous retrouvons quelques spécificités de l’auteure que dans celle de Sam. Capable d’adapter son champ lexical à un adolescent, nous observons l’évolution de ce dernier au contact de l’ensemble des livres d’Amélie ainsi que de la correspondance qu’entretient ce dernier avec elle. A travers la construction d’un blog consacré à Amélie Nothomb, elle nous plonge à travers les yeux de Sam dans quelques uns des passages clés des romans d’Amélie en citant différents extraits.

Sam, citant Mercure d’Amélie Nothomb dans une lettre pour l’auteure « La littérature a un pouvoir plus que libérateur : elle a un pouvoir salvateur. Elle m’a sauvé : sans les livres, je serais morte depuis longtemps. »


Rayonnement de la littérature

Sam changera peu à peu de vie. Quittant son travail, encouragé par sa tante et par Amélie, il se passionnera pour la littérature. Si les livres d’Amélie NOTHOMB lui apportent le fameux sixième sens évoqué par Sam dans sa première lettre, il découvrira également les auteurs classiques grâce à elle.

Sam dans une lettre pour Amélie, « Je crois que je commence à devenir un homme. Mais je vous rassure, pas du tout celui qu’on me menaçait de devenir. »


Un très beau roman écrit d’une main de maître se lisant comme une réelle histoire d’amour avec la littérature.

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