dimanche 26 décembre 2010

Entretien avec Marie Laure BIGAND


1°) Dans quelles conditions écris tu ? As-tu comme certains auteurs des rites bien particuliers sans lesquels tu ne pourrais pas écrire ?


Alors non, je n’ai pas de rites. J’écris dès que j’ai un moment. Je peux écrire parfois tous les jours, et puis à d’autres moments rester plusieurs jours sans une ligne. Cependant lorsque j’ai un roman en cours d’écriture, mes personnages ne me quittent jamais. Lorsque je suis dans un entre-deux, c'est-à-dire un roman terminé, et le suivant pas encore entamé, je me sens très seule, mais ce temps-là est nécessaire pour digérer la perte de mes personnages avec lesquels j’ai passé tant de temps. J’aime aussi écrire des petits textes courts, qui eux viennent sans prévenir ; mais à ce niveau-là j’ai remarqué que je fonctionnais vraiment par période, des périodes d’inspiration. Lorsque ces périodes me quittent un peu je ne m’affole pas car je pense que ce « vide » est nécessaire pour rebondir et se ressourcer.


2°) Un roman est toujours un mélange complexe d’anxiété et de bonheur, comment as tu vécu son édition et comment vis tu sa deuxième naissance ?

« Le premier pas » est mon deuxième roman. Même s’il y avait eu avant un premier roman, il a fallu que je cherche à nouveau un éditeur. Une fois que mes envois étaient partis et que j’étais dans l’attente, je suis très vite repartie sur un nouveau projet. C’est essentiel pour faire face aux réponses négatives qui sont inévitables. Ce n’était pas vraiment de l’anxiété mais l’appréhension que tout s’arrête. Et puis, j’ai eu la chance d’avoir trois réponses positives pour ce deuxième roman. Il a donc eu une première vie, un peu compliquée. Ma deuxième éditrice a fermé, mais entre-temps j’avais eu la chance de trouver celle qui est aujourd’hui mon éditrice : « Laura Mare ». J’ai publié avec elle mon troisième roman « D’une vie à l’autre », et pour elle mon roman « Le premier pas » se devait d’exister à nouveau. Elle m’a donc proposé sa réédition. Je ne la remercierai jamais assez pour ce beau cadeau. Et je vis cette nouvelle aventure aussi intensément qu’à sa première parution, parce que voir son livre prendre vie est la meilleure des récompenses pour un auteur.


3°) Le premier pas aborde des thèmes complexes comme la séropositivité. Est ce que je me trompe en disant qu’il y a au delà de ce roman, un vrai message ? Si oui, peux-tu nous l’évoquer en quelques mots ?


Beaucoup de choses m’intéressent. Pourquoi avoir abordé le problème du Sida ? Je ne sais pas vraiment… Ce thème-là me tenait à cœur. L’idée qu’une de mes héroïnes soit blessée par le regard des gens s’est alors imposée. J’ai lu beaucoup de témoignages, dont celui d’une infirmière qui a travaillé durant trois années dans un service avec des sidéens en fin de vie. Durant des semaines, j’ai lu tout ce que j’ai pu sur ce sujet. Il était important que je m’imprègne de l’état d’esprit des personnes séropositives. Après, l’histoire est venue d’une manière très naturelle. Et c’est au lecteur d’y trouver un message ou pas. J’invente des histoires, pas pour faire passer un message, mais pour raconter des vies que l’on peut, peut-être, croiser un jour…



4°) As tu des projets littéraires et peux tu nous en parler un peu ou cela est-il confidentiel ?


Rien de confidentiel. Je viens de terminer mon quatrième roman, et maintenant je le relis pour tenter de l’améliorer le plus possible. C’est un gros travail mais il est indispensable. Ensuite je le soumettrai à mon éditrice, et c’est là que je serai anxieuse. Lui plaira t-il assez pour qu’elle en accepte la publication ?

L’idée du cinquième commence doucement à se profiler, mais rien de définitif encore…


5°) Quelle est ta vision de la littérature contemporaine ?


J’écris mais j’adore lire, impossible pour moi de ne pas avoir un livre en cours de lecture. Il y a de la très bonne littérature. Pour moi c’est lorsque je referme un livre et qu’il me faut un moment pour me remettre de la lecture parce que j’ai été emportée et que l’écriture m’a happée. Et puis, bien sûr je suis déçue parfois… Aujourd’hui il y a de plus en plus de livres et de moyens de publications, et je trouve que c’est un peu difficile pour le lecteur de s’y retrouver. Je suis aussi très attentive aux critiques que je peux lire ou entendre.

Il y a d’excellents écrivains contemporains, mais heureusement les goûts des uns ne sont pas les goûts des autres, ce qui laisse la place à un large éventail.

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