mardi 21 septembre 2010

Entretien avec Marie BARRILLON à l'occasion de la sortie de son recueil de poésie les rimes de l'amour

Marie BARRILLON est chroniqueuse pour 1001 livres et auteure de trois romans déjà publiés aux éditions Le manuscrit (La vie suspendue, Leçons de vie, Emilie entre fabulations et vérités). Femme généreuse avec un talent littéraire certain, elle a accepté de se prêter au jeu des questions réponses à l’occasion de la sortie de son premier recueil de poésies, Les rimes de l’amour.






1.Dès le titre, l’amour est présent. Dans notre société contemporaine où d’autres valeurs semblent prendre le dessus, comment définis-tu l’amour ?


L’amour est à mon sens quelque chose d’indéfinissable. Chacun en a sa propre définition, sa perception personnelle. J’ai appris, avec les années, qu’en amour rien n’est vraiment jamais acquis. Il peut être tellement éphémère parfois, et même souvent.




L’amour est cependant vital dans la vie de chacun. Lorsque l’on aime et que l’on se sent aimé en retour, on se sent forcément plus fort, plus solide. Les situations, même les plus difficiles, paraissent plus simples, plus abordables, plus gérables. On n’est plus seul face à l’adversité de la vie qui ne nous fait pas toujours que des cadeaux.




L’amour est également un moteur qui nous permet d’avancer à grandes enjambées malgré les embûches, alors que sans lui, nous ne ferions que des petits pas.







2.Le thème du temps est omniprésent dans ce recueil. Y a-t-il une journée type Marie BARRILLON avec des rituels pour écrire ? As-tu une technique de gestion du temps et que places-tu prioritaire aujourd’hui ?


Généralement non, il n’y a pas de journée type Marie BARRILLON. Cependant, mes journées commencent souvent avec la lecture pendant environ une petite heure lorsque je prends mon café. Donc, dès le réveil, je suis dans le bain. Ensuite, les choses se déroulent suivant l’envie, l’inspiration, l’humeur aussi ou encore l’état d’esprit. Puis, très souvent, je m’accorde également trente à soixante minutes de lecture avant de me coucher. Mais, dans tous les cas, aucune journée ne ressemble à la précédente.




Je pense que c’est cela aussi qui permet à la passion de perdurer, en laissant le champ libre à l’inspiration pour s’exprimer à son gré. Parce que s’il y a bien une chose que l’on ne peut pas forcer, c’est bien l’inspiration. C’est d’ailleurs sûrement pour cela que je n’ai jamais ressenti l’angoisse de la page blanche.

Qui plus est, j’ai toujours plusieurs projets en cours, ce qui permet la diversité, ainsi j’avance toujours dans l’écriture et l’inspiration est toujours présente.

Donc, rien n’est vraiment prioritaire, sinon l’écriture en général.







3.Les rimes de l’amour est ton premier recueil de poésies. Comment as-tu commencé à écrire de la poésie ?


Comment j’ai commencé à écrire des poèmes, je ne saurais le dire. En fait, j’ai commencé à écrire à l’âge de quinze ans et d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours écris des poèmes. Je pense que tous les auteurs connus ou inconnus se sont essayés à la poésie à un moment ou un autre. J’aime les phrases bien faites, les rimes qui s’accordent. Je trouve cela tellement joli et agréable à lire. Ca donne envie de poursuivre la lecture et de tourner les pages encore et encore. Et j’ajouterais même que parfois, lors de la lecture de poésies, cela apporte, ou une inspiration inattendue ou une envie soudaine de rédiger quelques rimes.




4.As-tu des maîtres en matière de poésie ?


Je n’ai pas vraiment de maître que ce soit en matière de poésie ou en littérature en général. Je n’ai pas de rejet non plus concernant les auteurs. Il m’est arrivé de ne pas aimer un ouvrage d’un auteur mais de me pencher tout de même sur les suivants car si l’un me déplait, les autres peuvent tout à fait me satisfaire. Rien n’est vraiment immuable.




Je me souviens que lorsque ma fille aînée était adolescente, elle m’avait offert un livre de Verlaine et un autre d’Apollinaire avec son argent de poche, je les ai toujours conservé pourtant je ne les ai pas relus depuis toutes ses années. En définitive, non, je n’ai pas d’auteur vraiment fétiche.




5.La première de couverture est magnifique et je sais qu’elle représente beaucoup pour toi. Pourquoi ce choix pour ce recueil de poésies ?


Par cette première de couverture, j’ai souhaité faire un hommage à ma grand-mère maternelle, avec l’accord de la personne qui me semblait la mieux placée pour cela, ma mère. Cette photo qui représente ma grand-mère date de 1930. C’est la personne qui m’a le plus marquée et qui de ce fait était la plus importante dans ma vie. A mon sens et dans tous les souvenirs qui m’habitent continuellement, elle avait un sens inné de l’amour.




D’ailleurs, elle disait que je portais le plus beau prénom du monde, et cela n’était pas en rapport à la Vierge Marie, bien qu’elle était croyante mais simplement disait-elle, Marie n’est autre que l’anagramme du verbe aimer. Je sais que je le dis souvent mais je suis certainement assez fière de ce souvenir, probablement parce que je n’aurais peut-être jamais fait la corrélation entre ces deux faits de moi-même. Et même si elle n’est plus là depuis quelques années déjà, je la porte encore dans mon cœur aussi fraîchement et rien au monde ne pourra changer cela. Elle m’a appris tant de choses.




Pour moi, cet hommage était non seulement aussi important qu’évident mais également indispensable. D’ailleurs, chaque recueil de poésies que je rédigerais à l’avenir portera cette marque, cet hommage. Je lui dois beaucoup, en l’occurrence psychologiquement et moralement, même depuis son absence. Nous étions, si je peux dire, fusionnelles. Je ne cesserais jamais de l’aimer avec autant de force comme si elle était encore là. Je souhaite à tout le monde d’avoir une personne aussi importante au moins une fois dans sa vie.




6.Les rimes de l’amour, ton dernier livre est plus qu’un recueil de poèmes. On a l’impression de traverser ta vie au cours de tes poèmes mais quelle est ta vision de l’écriture ?


A son commencement, l’écriture était pour moi une sorte d’exutoire. Un baume aux maux de la vie, de l’enfance à l’adolescence puis à la vie d’adulte. Elle me permettait, outre la lecture, de m’évader. Comme je l’ai dit, j’avais quinze ans à l’époque de mes premiers pas dans l’écriture et mes jours étaient loin d’être joyeux, comme beaucoup d’enfants. J’ai trouvé en l’écriture, le moyen de m’exiler dans un ailleurs inaccessible à autrui, une forme de protection peut-être. Cette passion m’a suivie, fidèle dans les bons moments mais surtout, et c’est là qu’elle jouait son rôle de sauveteur, dans les mauvais.

Il s’est passé beaucoup de temps avant que le désir d’être éditée naisse à son tour, à peu près une vingtaine d’années. Il a fallut un gros coup dur pour que ce désir apparaisse, comme un besoin inexplicable, avec "La vie suspendue". Ce livre est assez court mais d’une immense souffrance, je n’avais nulle envie d’en rajouter, et je dis toujours que je l’ai écrit dans l’urgence. C’est grâce à lui que je n’ai pas coulé à ce moment.




J’ai souhaité le publier comme pour témoigner de cette douleur et que même si l’amour n’est pas toujours plus fort que la maladie, il faut se battre avec lui (l’amour) contre elle (la maladie). Vingt ans et un gros coup de bâton de la vie pour arriver au désir d’être publiée, cela paraît long quand on le dit comme ça, mais en réalité le temps passe tellement vite… Peut-être que l’omniprésence du temps vient de là, allons savoir !




Toujours est-il que depuis mon adolescence je n’ai jamais cessé d’écrire, comme un besoin indispensable et viscéral, éditée ou pas d’ailleurs. Je pense que cela fait partie intégrante de mon équilibre au même titre que boire ou manger, c’est aussi vital. J’aime inventer des histoires, créer des vies et faire vibrer les lecteurs. Mes histoires, je les vis complètement comme un film dans ma tête. Peut-être est-ce un peu vivre dans deux mondes parallèles, indispensables l’un à l’autre : le réel et l’imaginaire.




7.Tu es une pile électrique du net, toujours en train de créer des projets autour de la littérature. Peux-tu nous parler un peu plus (groupe facebook, forum, page fan, site internet,…) des projets actuels et nous évoquer tes projets futurs autour de la littérature ?


Internet, c’est un peu aussi un monde parallèle à bien y regarder. Virtuel certes mais pas moins humain pour autant, et j’irais même à dire plus humain que le monde réel. J’aime l’échange et le partage. Derrière chaque commentaire, il y a toujours un cœur qui bât, et ce qui m’attriste c’est que ces échanges de cœur ne se retrouvent pratiquement que sur le net, jamais chez le boulanger ou au supermarché, par exemple, ou alors si rarement.

A travers les forums, groupes ou même ma page fan sur Facebook, je croise des personnes que je n’aurais jamais imaginé croiser, ne serait-ce qu’à cause de la distance. Ces différents groupes ou forums rapprochent les gens et font tomber la barrière des dites distances, ils donnent plus de facilité d’échanges entre les êtres sur des sujets communs, de là naissent des amitiés, de vraies amitiés que les distances n’incommodent pas. Et ces rencontres virtuelles aboutissent parfois à des rencontres réelles. Personnellement, je n’ai jamais été déçue. J’ai rencontré des gens d’exception, véritablement.




En ce qui concerne les projets par rapport aux forums et groupes, je suis pour l’instant un peu moins présente car, comme pour beaucoup de gens, le temps me manque. Ma devise est d’ailleurs, "Mes jours manquent d’heures, pour en faire plus". Mais, bien évidemment cela ne veut pas dire que je les abandonne, bien au contraire. Et pour ma page fan, je pense avoir trouvé là une option intéressante pour les lecteurs, car sur cette page je n’y parle que de mes projets, mes lectures, mes chroniques, mes publications…enfin, tout ce que les lecteurs veulent savoir sur mes activités littéraires. Ils sont informés en temps réel et par la personne la mieux placée pour transmettre les informations et en parler : moi. Contrairement à ce que certains ont pu imaginer. J’ai reçu, il y a peu, un mail déplorant le fait qu’une personne tenait ma page à ma place, alors que les lecteurs se rassurent, il n’en est absolument rien. Je ne laisserais à personne ce soin de tenir ma page fan, j’aime les échanges avec mes lecteurs.




8.Un prochain livre va bientôt paraître, Camille, regarde devant toi ! Peux-tu nous en parler ?


"Camille, regarde devant toi !" aurait dû être publié durant l’été mais les choses ne se déroulent pas toujours comme on le souhaite, c’est comme ça. Pourtant, l’éditeur en question se disait très emballé par ce roman… Bien évidemment, cela m’a fait perdre un temps précieux. Le monde de l’édition est parfois tellement incompréhensible, mais sans autre choix nous devons bien faire avec à défaut de faire sans. Donc, "Camille…" verra le jour début décembre, sauf énième déception. Ça m’a permis de le revoir et d’y apporter quelques corrections durant la période estivale. Le sujet reste donc à découvrir pour les lecteurs. Mais, ce que je peux leur dire c’est que comme toujours, il commence mal pour se terminer très bien, car c’est du rêve, de l’émotion et du plaisir que je souhaite leur faire vivre au travers de mes pages, alors ça ne peut que finir bien.




9.As-tu d’autres projets d’écriture en cours ?


D’autres projets, bien évidemment je n’en manque jamais et ils sont très nombreux. Vous pourrez me lire encore pas mal de temps (sourire). En ce moment, je suis sur l’écriture d’un prochain roman qui s’intitulera "La vie est parfois une surprise". Encore quelques mois de gestation comme on dit, et il sera prêt. En parallèle, je suis sur la réalisation d’un autre recueil de poésies qui devrait sortir début 2011. Celui-ci sera moins axé sur l’amour comme le premier, mais sans pour autant passer à côté. J’y touche plusieurs sujets de société du bout des doigts, mais en tout cas des sujets sensibles. Il est très différent du précédente de bout en bout, y compris dans sa présentation. Peut-être même est-il meilleur à mon goût, mais ce n’est que mon avis.




Trois autres projets de roman sont en attente dont les grandes lignes sont déjà rédigées. Et puis, il y a les ateliers d’écriture pour les personnes âgées au sein des maisons de retraite. Là aussi, le but final serait la publication de recueils de leurs écrits avec reversement des droits d’auteur aux maisons de retraite concernées ou à des associations d’aides aux personnes âgées. Mais, nous n’y sommes pas encore et tout reste à définir. Nous verrons cela par la suite. Je pense très sincèrement que nos personnes âgées ont tant de choses à raconter, à nous faire partager, mais également à nous apprendre. Elles ont aussi traversées tant d’épreuves pas toujours faciles ou évidentes mais leur passé est à découvrir avec leur propre mots et pourquoi pas même pourrions nous en tirer des leçons et en tout cas beaucoup de plaisir, j’en suis intimement persuadée.




Lorsque je discute avec ces personnes tellement adorables, j’en retiens toujours une même et profonde évidence, c’est la tristesse qu’elles ont en regardant ce monde qu’elles ne reconnaissent plus, parce qu’il est tellement différent de celui dans lequel elles ont évolué. Toutes ces valeurs perdues, ça leur fait froid dans le dos. Alors, elles regardent ce monde et se résignent à tenter de le comprendre, mais n’y parviennent pas. Les personnes âgées, c’est ma troisième passion (sourire).




10.Quel regard portes-tu sur le monde de l’édition et celui de la littérature contemporaine ?


Ça, c’est la question brûlante. Il y en toujours une dans le jeu des questions/Réponses, les interviews… Là, je sens que je ne vais pas me faire que des amis.

Je trouve que le monde de l’édition dit "traditionnel" est devenu très frileux. Il n’y a plus de prise de risque ou alors très minime. De nos jours, si nous n’avons pas un nom déjà connu ou un sujet hyper brûlant, ce milieu reste très très fermé. On publie trop sur des valeurs que l’on sait acquises dès le départ, ça va d’un nom qui fera vendre, certes mais pas seulement. Il y a également les effets de copinage, etc. Les exemples ne manquent pas, il suffit de regarder autour de soi. Que l’ouvrage soit bon ou non, n’a finalement plus grande importance. C’est dommage car il existe beaucoup d’auteurs, et de très bons qui n’ont d’autres choix que de se tourner vers la petite édition ou encore l’édition à la demande. Et heureusement que celles-ci sont présentes.




Par exemple, oui je sais que je vais faire grincer quelques dents, mais j’assume, prenons Edilivre, pour ne citer que celle-ci, c’est à mon sens un très bon parallèle ou un palliatif, c’est selon, à l’édition traditionnelle frileuse. Cette maison fait pas mal d’efforts et monte de plus en plus dans "l’audimat" de l’ensemble des maisons d’éditions, traditionnelles ou non. Ce n’est que mérite car cela permet à beaucoup d’auteurs de sortir la tête du sable, même s’ils bataillent ferme pour se faire connaître. Et même si cela reste une édition à la demande, ce qui évite les stocks, ce n’est pas une édition à compte d’auteur non plus.




Donc, c’est tout à fait bénéfique pour les auteurs qui souhaitent être publiés. De plus, c’est une maison assez réactive tant sur l’évaluation des projets qui leur sont soumis que par la publication mais également en matière de livraison des ouvrages où là encore la rapidité est de mise. Ce ne sont que quelques exemples, mais il y en a d’autres, bien sûr.




En dehors de ces maisons d’éditions à la demande et les maisons traditionnelles, il y a la petite édition. C’est une bonne chose, bien qu’il faille ici être quand même assez vigilant car certaines de ces maisons font tout de même du compte d’auteur.

Donc, en définitive, je dirais que le milieu de l’édition est assez complexe pour quelqu’un qui y fait ses premiers pas. C’est un peu une jungle, pas toujours très civilisée.



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http://www.1001-livres.fr/membre/profil/clement%20chatain/actualite-69

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