samedi 11 septembre 2010

Confessions d'un banquier pourri de Crésus

« Vous ne me connaissez pas, vous n’avez jamais entendu parler de moi. J’ai grandi dans l’ombre, au cœur du sérail de l’argent. Je suis un parasite de la haute finance, l’un des membres du directoire d’une des plus grandes banque de France. A peine surpayé, j’ai ramassé quelques millions d’euros en une quinzaine d’années. Une paille, comparé aux salaires et aux primes des traders que je dirige. »


Première question dont je me moque mais qui est importante…
Voila, dans ma petite citation introductive, j’ai repris ce qui a le plus intéressé la presse lors de la sortie de ce livre. Tous ont tenté de répondre à la question qui est Crésus. Je vous informe de suite, je ne le sais pas et je m’en moque. Ce n’est pas une chose importante au fond. Des indices se glissent tout au long du livre mais cela peut aussi bien être un véritable membre du directoire d’une grande banque française (certains étant partis avec la crise…) qu’un fin connaisseur des marchés financiers qui a souhaité s’amuser avec ce livre. Dans tous les cas, ici, nous avons un livre habilement mené avec une description qui ne doit pas être très loin d’une réalité inquiétante sur le système financier.

Un véritable thriller
Le personnage principal, Damien, occupe un poste de directeur général dans une grande banque française. Au fil de ces rencontres, il va apprendre, avec un temps d’avance, que Lehman Brothers est mort. « Certains journalistes se souviennent qu’un an auparavant, le magazine Fortune avait décerné à cet établissement prestigieux le titre de « banque d’investissement la plus admirée des Etats Unis ».

C’est une prostituée de luxe qui va lui révéler ces informations avant tout le monde et cela va lui être confirmé par un autre acteur de la finance mondiale influent. Nous sommes dans un véritable thriller dans lequel Damien va tenter de gagner beaucoup plus d’argent qu’il en gagne actuellement (selon lui) à travers un instrument financier, le SWAP. Si au départ, Damien apparaît comme le salarié modèle prêtant attention à son entreprise et aux conséquences des actes catastrophiques menés, on s’aperçoit rapidement qu’il appartient bien à ce milieu où l’on retrouve drogue, sexe, délits d’initiés et politique. Une réunion montre l’état lamentable dans laquelle se trouve la banque et plus personne ne semble maîtriser ces chiffres.

« Voila qui étaient vraiment nos polytechniciens. Des polymagiciens de pacotille, forts en maths, certes, mais sans un sou de jugeote. »

Les différents acteurs de la finance et d’une certaine forme de sa chute sont passés au crible ici, des organismes de contrôle aux traders en passant par les économistes.


Le langage des marchés revisité

Dès le début, le style de l’auteur est agréable avec quelques métaphores intéressantes. Ainsi, le « syndrome de la saucisse » pour évoquer les subprimes m’a fait sourire.

« Eh bien, quand on m’interroge, je compare les banquiers à des bouchers pas très consciencieux. En fait, nous avons fait disparaitre les crédits à hauts risques dont nous voulions nous débarrasser en les mélangeant avec des créances de bonne qualité. La fabrication de ce cervelas d’un genre nouveau s’appelle la titrisation. Ensuite, on débite les nouveaux titres en tranches, qu’on vend en engrangeant au passage de belles commissions. […] Quand les morceaux de viande avariée-en l’occurrence les subprimes-pourrissent et deviennent toxiques, çà contamine toute la saucisse, et les acheteurs tombent malades. […] Je pense que ceux qui ont trop mangé de saucisses ne s’en sortiront pas. Quant aux autres, ils considèrent désormais que tous les bouchers sont des escrocs et des empoisonneurs. »


Un petit livre sympathique qui séduira les admirateurs de la haute finance ou les passionnés de l’histoire économique.

Une chronique à découvrir également en suivant ce lien:
http://www.1001-livres.fr/1377-Confessions%20d'un%20banquier%20pourri

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