mardi 26 janvier 2010

Petits principes de langue de bois économique de Bernard Maris

Je débute cette chronique par la conclusion de ce petit essai économique : « L’extrême gauche dira : « vous voulez aider les pauvres, vous, les sociaux démocrates ? Vous ne faîtes qu’aider le capitalisme à survivre. »Les ultralibéraux diront que « l’assistance nuit à sa liberté. » Et les révolutionnaires qu’elle « nuit à la Révolution ». A chacun sa pureté. »

Sur la forme pour commencer !

Pourquoi avoir choisi la fin comme commencement de cette chronique ? Plusieurs raisons selon moi. Premièrement parce que l’auteur explique qu’il faut en finir avec certaines méthodes d’économistes peu scrupuleux à raconter n’importe quoi et pas des moindres mais aussi dans un second temps car c’est tout à l’image du style d’écriture de l’auteur, oncle Bernard à Charlie Hebdo.

La forme tout d’abord avant de parler du fond. L’auteur a choisi le même style de présentation que dans l’Antimanuel d’économie de Bernard Maris avec des chapitres (ici au nombre de douze mais tous très courts, une à deux pages petit format) ponctués de caricatures pour surement ne pas oublier qu’il est souvent nécessaire de rire des économistes. Il n’y pas de références ici à des tableaux de peintres malgré tout comme cela avait été le cas précédemment mais cela ne s’y prêtait pas ici de toute façon selon moi…

La rhétorique au service des économistes

A moins d’être un véritable ermite, je ne vous cacherai pas que les médias nous ont parlé d’une crise financière, puis économique importante. L’économiste a donc occupé la une de l’actualité et souvent pour ne pas faire d’économie mais de la « rhétorique économique » selon Bernard Maris puisque l’économie selon lui n’existe pas. Je reprends par conséquent d’ailleurs les mots de l’auteur pour définir la rhétorique, « une virtuosité, un talent, une stratégie langagière qui utilise différents moyens d’expression pour persuader son auditeur. » L’économiste deviendrait ainsi un animateur devant convaincre ou faire peur suivant ce qu’il veut faire passer comme message puisque de toute façon, il n’existe pas de vérité en économie.

Incohérences de la pensée économique

Selon lui, malgré tout, les économistes tiennent un discours cohérent dans quatre domaines : l’échange, la consommation, la production et la distribution. Ensuite, il faut regarder la réalité et comme l’explique Oncle Bernard, cela parait beaucoup plus complexe qu’il n’y parait puisqu’il faut prendre en compte la fameuse interdépendance. Phénomène pour lequel Maris explique la théorie hallucinante dite du chaos, d’établir un système d’équation conduisant selon lui « à des résultats totalement aléatoires, indépendamment du niveau de précision avec lequel sont
mesurées les conditions initiales. Autrement dit, il existe de l’indéterminisme dans le déterminisme. »

Dans ce petit livre, nous ressentons le combat de Bernard Maris contre les arguments avancés trop facilement et pour lesquels il va prendre le soin de les défaire un par un. Un petit chapitre porte le titre, « les arguments quasi logiques » dans lequel il s’amuse à démonter les comparaisons rapides et faciles. D’ailleurs en parlant de ces dernières, il explique qu’elles ne « visent pas à informer mais à impressionner ou culpabiliser. »Un autre chapitre porte le nom « l’argument de généralité ou d’évidence » dans lequel il rappelle une phrase de Aristote « Ceux qui se demandent si la neige est blanche ou non n’ont qu’à la regarder ». Ainsi, les choses sont claires, l’évidence ne se discute pas mais elle est dure à trouver en économie car elle est composée d’une multitude d’éléments.D’autres phénomènes seront présents devant ce tribunal rendant coupable bons nombres de théories, d’économistes ou de politiques. Un livre qui encourage à la réflexion sur le beau discours des économistes actuels.

Une chronique à retrouver sur 1001livres
http://www.1001-livres.fr/1097-Petits%20principes%20de%20langue%20de%20bois%20économique.html

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