mercredi 27 janvier 2010

Les choses de l'immense Perec, un bijou littéraire!

« C’est qu’il y a entre les choses du monde moderne et le bonheur, un rapport obligé…Ceux qui se sont imaginé que je condamnais la société de consommation n’ont vraiment rien compris à mon livre. Mais ce bonheur demeure un possible ; car, dans notre société capitaliste, c’est : choses promises ne sont pas choses dues.»

L’immense Perec

J’ai l’habitude de commencer ma chronique par un extrait du livre. La phrase citée ci-dessus correspond à une partie de la quatrième de couverture car elle me semblait des plus percutantes pour comprendre Perec ou du moins tenter…car ici, à travers cette chronique, je m’attaque à un monument de la littérature. Un auteur capable d’écrire La disparition, un livre sans la lettre e… Avec Perec, dès les premières lignes, on se sent dans la cour des maitres. Ceux que l’on va suivre, ceux qui ont un style incomparable et inestimable.

Jérôme et Sylvie

Lui a 24 ans, elle, en a 22. Ils sont psychosociologues. Ils n’avaient pas réellement choisi ce travail qui consistait à sonder la population mais cela leur permettait de vivre.
Une grande réflexion est menée par l’auteur à base de nombreuses descriptions. Nous retrouvons un souci du détail incommensurable. Pour les connaisseurs de Perec, Tentative d’épuisement d’un lieu parisien faisait déjà l’écho du talent de l’auteur à ce sujet. Le livre commence avant de décrire les personnages par une longue description qui semble sans fin. Ce n’est d’ailleurs qu’au troisième chapitre que nous faisons la connaissance des deux personnages principaux.

Une analyse sociologique

Perec, comme on a pu le voir dans le chapô introductif de cette chronique nous explique que nous n’avons rien compris à son livre si c’était une condamnation de la société de consommation. Mais on peut s’interroger si Perec ne nous invite pas à jouer à travers cette phrase car son écriture semble un jeu. Derrière chaque phrase admirablement construite, on décèle la facilité de l’auteur pour l’écriture. Il nous semble que l’auteur aime s’amuser avec nous comme il aime s’amuser avec les temps employés. Perec est un metteur en scène littéraire. C’est un véritable spectacle qu’il nous offre derrière les mots pour comprendre les maux de notre société contemporaine. Nous y voilà. Perec ne critique pas la société de consommation mais il termine son livre par une citation de Marx. Mais Perec n’a pas tort. Il ne critique pas la société de consommation, il va beaucoup plus loin :
« Les gens qui choisissent de gagner d’abord de l’argent, ceux qui réservent pour plus tard, pour quand ils seront riches, leurs vrais projets, n’ont pas forcément tort. Ceux qui ne veulent que vivre, et qui appellent vie la liberté la plus grande, la seule poursuite du bonheur, l’exclusif assouvissement de leurs désirs ou de leurs instincts, l’usage immédiat des richesses illimitées du monde-Jérôme et Sylvie avaient fait leur ce vaste programme-ceux là seront toujours malheureux. »

Dès que Sylvie et Jérôme semblent percevoir un soupçon de bonheur, le mot « mais » ne tarde pas à arriver. Il y a toujours une désillusion, une frustration et un échec. Leur relation d’amitié, leur mission à la campagne, leur appartement….tout est échec au final.
« Mais entre ces rêveries trop grandes, auxquelles ils s’abandonnaient avec une complaisance étrange, et la nullité de leurs actions réelles, nul projet rationnel, qui aurait conseillé les nécessites objectives et leurs possibilités financières, ne venait s’insérer. L’immensité de leurs désirs les paralysait. »

Une courte deuxième partie

Ils sont lassés de tous ces « mais » et ils décident de quitter Paris en répondant à une petite annonce pour être professeurs en Tunisie. Le départ se fait dans la précipitation, il sera un échec. La vie là-bas ne se révèlera pas non plus un paradis. Il y aura toujours ce « mais ».
Un épilogue
La dernière partie est un épilogue…enfin il tente de l’être…

Un incontournable de la littérature à lire et à relire.

Une chronique à retrouver sur 1001livres:
http://www.1001-livres.fr/1368-Les%20choses.html

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